Présentez-vous
Bonjour, je m’appelle Paul DELORT. Depuis l’âge de 10 ans, je suis passionné par la photographie.
J ’ai commencé ma carrière de photographe de presse comme stagiaire au sein du journal Figaro et je suis devenu salarié quelques années plus tard. Cela fait maintenant plus de 30 ans que j’exerce le métier de journaliste, photographe au sein du groupe Le Figaro.
Qu’appréciez-vous dans la photographie ?
Selon moi, la photographie apporte une touche d’émotion. L’œil humain est attiré par le vivant c’est pourquoi chacun interprète une photo à sa manière. Elle fait référence à une personne, une histoire, un souvenir etc… La photographie a un côté singulier, subjectif et surtout universel. Elle abolit la culture et la diversité et peut même devenir un symbole voire un emblème.
Comment se passe l’édition et le reportage d’une photographie dans un journal ?
Tout d’abord, le photographe ne choisit pas son secteur d’activité, il effectue seulement sa mission. Celle de répondre aux besoins de la rédaction pour illustrer l’actualité. Le photographe couvre un événement faisant l’actualité et la rédaction publie le jour même. Après avoir pris plusieurs photos, il crée un Stock Photo pour mettre à jour le fond documentaire de la rédaction photo. Il l’actualise et l’alimente en permanence.
Les rédactions sont abonnées aux fils des agences et ont leurs propres photographes. D’abord elles puisent dans leur propre fond documentaire et si elles n’ont pas la photo qui convient pour illustrer leur papier, elles vont la chercher sur le fil des agences.
les Agences de photo (les plus connus sont : AP / AFP/ Renters) soumettent une série photographique à la rédaction et pour finir, les journaux utilisent ces photos en essayant d’être les plus impartiaux possible.
Avez-vous un exemple de photos différentes qui partagent le même message ?
Oui, prenons exemple avec la mort de Valéry Giscard d’Estaing qui a eu lieu le 2 décembre 2020. Tous les journaux ont utilisé différentes photos à la Une illustrant sa mort et ne les ont pas exploité de la même manière suivant leur ligne éditoriale.
Par exemple, Le Figaro et Le Point ont mis un portrait d’un jeune homme âgé pour symboliser un homme en fin de vie. Pour certain, cette Une va faire ressurgir des souvenirs ancrées en eux. VGE apparaitra alors comme un père ou un grand père aux yeux des lecteurs.
Contrairement à eux, Libération et Le Match vont mettre en avant un téléphone et une voiture des années 70, référence aux années Giscard.
Pour Le Match, aucun photographe n’aurait su, un jour, que cette photo serait à la Une d’un journal (car elle a été prise des années auparavant). Cela montre encore que la photo a le pouvoir de voyager à travers le temps, contrairement à ce que l’on pense, elle ne dépend pas de son photographe, la photo vit toute seule.
pensez-vous que la photo parfaite existe ?
Non, la photo parfaite n’existe pas. Les photos ne sont pas seulement un objet marketing, elles ont toutes un côté humain, une histoire qui les différencie chacune d’entre elles. Parfois, ce sont les photos les « moins jolies » que je trouve les plus intéressantes, tout dépend du souvenir qu’elle me transmet.
Grâce à la photo, j’ai réussi à trouver la raison pour laquelle un homme a tenté d’assassiner l’ancien président Jacques Chirac. Parmi une multitude de photos, je suis tombé sur des manifestants lors d’un rassemblement fasciste extrémiste.
Avez-vous une anecdote que vous souhaitez partager ?
J’ai donc compris que cet attentat était purement politique. Cela signifie que la photo est symbole de vérité, elle nous raconte une histoire, elle permet d’informer.
Avez-vous des regrets ?
En tant que photographe, on éprouve des regrets en permanence même si on essaye de toujours anticiper, d’être là au bout moment, d’avoir l’œil ! Par exemple, dans un championnat de Tennis, on essaye de repérer le meilleur coup du match mais ce n’est pas facile de rester attentif des heures entières. Alors parfois, on passe a coté de la bonne photo ! Je pense que pour un photographe comme dans tout type de métier, il faut passer par des échecs pour progresser.